Objectif 2030 : Buildwise explore l’avenir

Streamers :

  • ‘Le secteur de la construction doit intégrer la nature dans la construction et le processus de
    construction de manière délicate mais directe’
  • ‘Mieux adapter les villes au climat, c’est aussi mieux les armer contre une crise comme celle‐ci’
  • ‘Le secteur de la construction se fraie un chemin pour sortir de la ville.’
  • ‘Être smart ne consiste pas à chercher une nouvelle solution pour chaque problème’
  • ‘Le télétravail nous permet de sortir de la ville’

Buildwise se prépare pour l’avenir. Nous essayons d’imaginer à quoi ressemblera le secteur de la construction dans dix ans, dans un monde en proie à des évolutions rapides et à des défis difficiles. Adaptation au changement climatique, nouvelles technologies révolutionnaires, vision fort changeante de la construction et de l’habitation, pandémie qui révolutionne notre vie ne sont que quelques éléments qui marqueront un fort tournant pour l’avenir du secteur de la construction.

Buildwise doit déjà pouvoir y répondre aujourd’hui, indique Tom Willemen, Président du Comité de Vision. C’est pourquoi nous organisons trois workshops avec d’éminents experts. Leurs idées, leurs pensées maîtresses et leurs réflexions nous servent de guide pour l’élaboration de notre propre vision pour 2030 : ‘Imagining the future of construction’.

Le workshop relatif aux transformations des villes et de la construction a été ventilé en deux thèmes : ‘l’urbanisation’ et ‘le changement climatique et l’urban resilience’. En sa qualité de Président de session et de membre du Comité de Vision, Wim Straetmans a pu mener à bien l’ensemble du projet dans un timing serré.

URBANISATION

On observe une tendance claire au peuplement accru des villes. Nous devons vivre plus près les uns des autres et surtout occuper moins d’espace de vie. La construction en hauteur constitue‐t‐elle la seule solution ? La notion de partage est de plus en plus fréquente, qu’il s’agisse de logements, de voitures, d’espaces de travail, de matériel, de services… Quel impact la tendance à une économie de plus en plus partagée présente‐t‐elle sur notre mode de construction et de vie ?

Luk Peeters (ORG) présente une brève synthèse de son exposé ‘City and buildings transformation’ pour le panel.

Le monde est confronté à plusieurs menaces systémiques auxquelles les projets urbains peuvent apporter une réponse. Mais pour mener à bien un projet urbain, il faut surmonter des obstacles de plusieurs natures : des obstacles techniques et financiers, assortis aujourd’hui par ailleurs de facteurs spatiaux et sociaux. Dans notre vie quotidienne, nous faisons face à quatre défis et devons y trouver une réponse. Nous devons apprendre à mieux décoder notre environnement et nous demander où et comment nous allons construire. Les nouveaux développements doivent aller de pair avec une accessibilité de qualité. Nous ne pouvons plus construire dans des lieux à peine accessibles et devons réfléchir à la meilleure manière de conjuguer les systèmes de transport urbains et ruraux. Ces noeuds
de trafic offrent précisément de nombreuses possibilités de développement et d’amélioration d’image. Si nous réaménageons notre environnement, nous ne le pourrons le faire qu’avec le concours des utilisateurs et des habitants. Nos villes doivent également redevenir plus polyvalentes. Nous devons à nouveau miser sur la production dans nos villes, exception faite de la consommation. Si nous désirons intégrer cette ville productive dans notre tissu urbain, nous devons apprendre à construire de manière plus flexible. Cette notion de flexibilité doit nous amener à une conception de bâtiments de nature à recouvrir différentes fonctions. Ce mode de conception s’inscrit davantage dans les formes d’économie circulaire de demain. Enfin, nous devons également apprendre à accorder plus d’importance à la forme. La conception et le design doivent occuper une place plus importante dans le processus de construction et ne peuvent être réduits à une perspective esthétique. Les auteurs de projet ont la responsabilité de réfléchir à la forme, une possibilité qui, par ailleurs, leur est offerte aujourd’hui par les nouvelles technologies.

Densité de la construction

Leo Van Broeck, ancien Maître Architecte flamand, appelle à privilégier la construction en hauteur là où cet aspect est nécessaire et à opter pour la construction basse lorsque c’est possible. M. Van Broeck estime plus urgent de restituer de l’espace à la nature que de réduire nos émissions de CO2, défi qui est déjà très urgent.
‘Il est dans notre nature de surtout chercher des solutions technologiques. Nous devons nous concentrer davantage sur la phase précédant cette recherche et faire face aux changements sociaux. Alors seulement nous pourrons réfléchir aux solutions technologiques. Les bâtiments mal situés ne devraient plus pouvoir être rénovés. Les habitations éloignées doivent être démolies à partir du moment où elles se détériorent. Les droits fonciers et les droits d’échange doivent permettre aux propriétaires de disposer de nouvelles possibilités de logements dans des endroits mieux situés. Nous ne pouvons pas poursuivre notre recherche d’un modèle de croissance éternelle car il ne nous permettra pas d’atteindre nos objectifs. Nous pensons que le monde est une marchandise et que nous devons exploiter tout ce qu’il est possible d’y exploiter. Nous devons pouvoir changer cette vision des choses.’

Jacques Teller (Université de Liège) réagit : ‘La densification croissante de la construction et la protection de nos ressources naturelles sont deux éléments opposés. L’habitabilité et l’accès au logement jouent également un rôle important à cet égard. Outre la crise climatique, nous connaissons également une crise du logement. Le secteur de la construction doit avant tout renoncer à son économie linéaire et évoluer davantage vers une économie circulaire. Nous devons plutôt réutiliser les sols déjà urbanisés ou bâtis. Nous pouvons revaloriser ces sols en jouant la carte de la densification, par exemple par le biais de constructions en hauteur. Mais nous pouvons également organiser les bâtiments différemment et de façon plus efficace, c’est‐à‐dire de manière plus fonctionnelle, plus compacte, etc. Le réemploi ou le recyclage de matériaux constitue également une option. Dans tous les cas, ces nouvelles formes de construction ne constituent une chance que si l’on accorde une grande attention aux espaces verts. Les espaces verts et ouverts offrent la qualité de vie nécessaire, permettent de réguler la température, donnent de la place à l’eau et refroidissent la ville. Les citoyens et les habitants réclament aujourd’hui ces poumons verts.’

Mixte
À l’avenir, nous devrons évoluer vers des habitats mixtes, permettant ainsi de faire cohabiter différentes fonctions. Avant de penser ‘construction’, il convient de réfléchir et d’élaborer tous les éléments permettant de densifier la ville, de la rendre plus verte et plus habitable. Il convient également de prolonger cette vision au‐delà du processus de construction en envisageant les systèmes de copropriété, de cohabitation, etc. Le secteur de la construction doit intégrer la nature dans la construction et le processus de construction de manière délicate mais directe. Ces deux affirmations suscitent quelques réactions intéressantes de la part du panel.

Thomas Scorier (TS Construct) donne un exemple de valorisation innovante de construction urbaine :
‘On vend la toiture, ce qui permet d’ajouter quelques étages à l’immeuble. On rénove ensuite le reste du bâtiment avec l’argent de la vente afin de respecter les normes actuelles.’

Gilles Vanvolsem (Befimmo) et Wanda Debauche (OCW) suggèrent de traiter l’espace disponible de façon plus rationnelle.

Gilles Vanvolsem : ‘Un immeuble de bureaux peut par exemple être utilisé par d’autres occupants en soirée. Outre l’utilisation de l’espace, l’utilisation des matériaux et le traitement des déchets présentent également un impact énorme sur l’environnement.’

Wanda Debauche : ‘L’espace public peut également être affecté de manière plus flexible. Par exemple, une bande de circulation la journée peut devenir une voie de stationnement le soir. En se concentrant davantage sur la mobilité partagée avec des véhicules électriques, des vélos, des trottinettes, etc., il est possible d’organiser autrement les possibilités de stationnement dans la ville. Cela permet un grand gain d’espace. Les projets de construction doivent être envisagés de manière intégrée. L’implantation de l’ouvrage et le processus de construction doivent être pleinement adaptés à la mobilité et à l’accessibilité. Les quartiers ne peuvent être développés que s’ils sont suffisamment accessibles et pas seulement tributaires de la mobilité automobile.’

Qualité de l’environnement dans les villes

On pose à Kristiaan Borret, Maître Architecte bruxellois, la question suivante : la crise du coronavirus implique‐t‐elle d’autres perspectives ?
‘Tandis que nous densifions les villes, le coronavirus nous a appris qu’il faut justement plus d’espaces ouverts. Une ville n’est pas construite en vue d’une crise ou d’une guerre. Elle est construite pour toujours. Nous y partageons des choses et des expériences. C’est cet aspect que nous devons consolider. Avoir été coupés de tous ces espaces ouverts nous a fait remarquer d’autant plus combien ils sont importants pour nous. Si nous voulons rendre nos villes plus solides à l’avenir, nous devons investir davantage dans les espaces ouverts et verts et dans l’infiltration de l’eau. Mieux adapter les villes au climat, c’est aussi mieux les adapter pour une crise comme celle‐ci.’

Luk Peeters (ORG) : ‘Si nous voulons densifier la ville, la construction en hauteur n’est pas la seule solution. La construction en hauteur mérite une place dans les points névralgiques où nous entendons combiner de manière harmonieuse habitat, travail et mobilité. Nous souhaitons densifier la ville en expansion, tout en veillant précisément à conserver un centre‐ville et un centre historique aérés. Nous devons, pour ces deux derniers cas, oser laisser l’amélioration de la qualité de vie prendre le pas sur l’effort de densification. Tous ces espaces supplémentaires grappillés jour après jour dans ces terrains inoccupés constituent un problème à régler de toute urgence.’

Compromis
Loïc de Moffarts (Thomas & Piron) : ‘Dans certains quartiers, on trouve un compromis entre la densification et la reconversion écologique. Tout commence par la conception. Il faut réfléchir à l’avance à la situation dans son ensemble et développer un concept soutenu à la fois par les citoyens et par les pouvoirs publics.’

Dirk Boydens (Boydens engineering) : ‘Les concepts dans la ville sont souvent considérés à une échelle relativement restreinte, mais ils ont toujours un impact bien en dehors de l’espace extérieur. Il conviendrait donc d’aborder la gestion et la conception à une échelle bien plus large.’

Leo Van Broeck : ‘Bien avant d’entamer le processus de construction, nous devons établir ce qui peut être fait, à quel endroit et quelles sont la densité et la qualité visées. Si ces éléments sont déterminés à temps, le rendement du concepteur s’en trouve directement fixé.’

Villes multifonctionnelles

Sarah De Boeck (Chercheuse en planification et développement économique urbain, VUB) : ‘En tant que ville post‐industrielle, Bruxelles perd beaucoup d’espace de production, à un tempo très élevé et de manière presque inaperçue. Entre 2000 et 2018, la région a perdu 16 % de son espace de production, soit 106 hectares. Les low value users tels que la production, la nature et les parcs doivent s’incliner face aux high value users comme le développement résidentiel. Cette logique financière est dictée par le marché immobilier. Nous devons rechercher d’autres formes de logique, telles que l’écosystème dont une ville a besoin pour ses habitants : équipements d’utilité publique, soins, éducation, transports publics, alimentation, etc. Pendant le confinement, nous avons appris que ces secteurs constituent l’économie essentielle. Le secteur de la construction se fraie un chemin hors de la ville. Si nous optons pour une ville multifonctionnelle incluant également la production, nous devons oser remettre nos valeurs financières en question.’

Bart Ingelaere (Buildwise) : ‘En pensant « densification » et « mélange de fonctions », on s’interroge sur les implications pour le business model et la connaissance technologique dans le secteur. On identifie rapidement des problèmes au niveau de la sécurité incendie, du bruit, de la qualité de l’air, etc. Sur le plan des « fonctions mixtes », il est donc nécessaire de pouvoir s’appuyer sur de très nombreux éléments de fond neufs.’

Gilles Vanvolsem (Befimmo) : ‘L’idée de ramener la production dans la ville est séduisante. La gestion de la récupération de matériaux constitue une belle occasion d’emprunter la voie de l’économie circulaire.’

Choix des matériaux

Wanda Debauche (OCW) : ‘Le mélange des fonctions est essentiel pour l’avenir de nos villes. La ville déplace la production, le transport et la logistique, ce qui entraîne des conséquences dramatiques pour la mobilité dans les villes. Les livraisons sont dès lors plus difficiles. Les pouvoirs publics doivent réintégrer ces fonctions dans le tissu urbain. Le choix des matériaux est également très important, compte tenu de la grande diversité d’usagers observée dans nos villes : trottinettes électriques, onewheel, etc. L’aménagement de l’espace public est confronté à de nouveaux défis.’

Luk Peeters (ORG) : ‘Nous pouvons accorder une place aux petits espaces de production artisanale et à la petite industrie manufacturière dans la ville, mais conserver ou rapatrier de plus grandes unités de production en ville constitue un grand défi.’

CHANGEMENT CLIMATIQUE ET VILLE RÉSILIENTE

Démolir ou rénover ?

Maarten Dubois (OCDE, direction de l’environnement) : ‘Nous voulons devenir un continent climatiquement neutre d’ici 2050, et la construction joue un rôle important à cet égard. L’ambition de l’Europe, uniquement sur le plan des économies d’énergie, se situe à 90 % d’ici 2050. La Belgique dispose d’un très ancien parc immobilier et nos rénovations sont marginales et morcelées. Il n’est possible d’améliorer drastiquement un bâtiment qu’en le démolissant avant de le reconstruire. Toutefois, la politique ne fournit pas les incitants adéquats pour atteindre ces objectifs. Pour la démolition par exemple, la TVA s’établit à 21 %. Pour la rénovation, elle est fixée à 6 %. Cette politique doit changer afin que nous puissions moderniser plus rapidement l’ancien parc immobilier. Il convient
de la modifier au niveau de l’énergie d’une part et au niveau de l’aménagement du territoire d’autre part. Nous devons démolir davantage, rénover davantage et renoncer aux petites rénovations.’

Dirk Boydens (Boydens engineering) : ‘À l’avenir, la production d’électricité ne devrait plus être issue de combustibles fossiles. La destruction du patrimoine existant demande du courage politique. » Nous avons également tendance à construire pour plusieurs générations. Dans les pays où l’on construit pour une ou deux générations au maximum, il est plus facile d’adapter les bâtiments aux nouvelles exigences qualitatives et environnementales.’

Jacques Teller (Université de Liège) : ‘Notre parc immobilier est effectivement ancien, mais pas plus que dans certains autres pays. La moins bonne situation énergétique est principalement due à la politique et la réglementation des dernières décennies. La démolition et la reconstruction entraînent généralement une densification et ne sont dès lors souhaitables que dans des zones bien situées : des espaces facilement accessibles au passage fréquent de transports en commun, des zones stratégiques en termes de mobilité ou des espaces disposant d’aménagements suffisants (garderie, soins, magasins, services, etc.). La densification dans les régions éloignées est à proscrire.’

Sven Marievoet (Transport Mobility Leuven) : ‘Nous ne pouvons engager ce débat sans savoir ce que les dirigeants ont à l’esprit. La densification présente une fonction très importante. La mobilité est un composant dérivé de l’habitation, du travail, etc. Les dirigeants politiques doivent poser des choix en matière d’aménagement du territoire et indiquer la voie à suivre. Ils ne le font pas suffisamment.’

Wanda Debauche (OCW) : ‘Les adaptations de l’aménagement du territoire prennent en effet de nombreuses années. Il faut donc pouvoir s’appuyer sur une vision et une cohérence à très long terme. La politique de ce pays n’adopte précisément pas de vision à long terme. Dans les lieux stratégiques en matière de transport public, nous devons justement prévoir des activités permettant d’exploiter pleinement les transports publics. Les permis ne devraient plus être délivrés pour les immeubles de bureaux accessibles uniquement en voiture.’

Bart Ingelaere (Buildwise) : ‘Plusieurs critères entrent en ligne de compte pour décider de démolir ou de rénover un bâtiment. Outre les objectifs climatiques, la qualité ou le caractère identifiable de la ville, il convient également de tenir compte de l’impact financier. Buildwise doit fournir aux décideurs les cartes nécessaires leur permettant de faire le bon choix entre la construction neuve et la rénovation, mais nous devons également réfléchir à la manière de rendre certaines rénovations plus efficaces et moins coûteuses. Nous disposons de nouvelles techniques à cet égard, telle que la digitalisation, le BIM, le scanning, l’industrialisation de la construction, etc. N’oublions pas également que la démolition affecte l’environnement.’

Plusieurs membres du panel partagent leur vision concernant l’impact environnemental et l’utilisation de la technologie existante dans les bâtiments.

Gilles Vanvolsem (Befimmo) : ‘La plus grande perte environnementale dans un bâtiment est due à l’utilisation incorrecte des technologies existantes. La simplification de l’utilisation de la technologie constitue un défi.’

Leo Van Broeck : ‘Les labels de construction ne disent rien sur ce que le bâtiment devient ensuite. Nous devons imposer une taxe CO2 basée sur la consommation réelle d’un bâtiment.’

Dirk Boydens (Boydens engineering) : ‘Nous essayons de « détechnologiser » les bâtiments. La technologie ne peut pas être visible. Le confort offert par un bâtiment doit être la référence.

Wim Straetmans (Kairos) : « Être smart (intelligent) ne signifie pas introduire toute une flopée de technologie. Être smart ne consiste pas à chercher une nouvelle solution à chaque problème. Si vous ne concevez pas de manière intégrée, vous n’êtes pas smart.’

Smart buildings and cities

Jan Adriaenssens (imec) : ‘Il faut se départir de l’idée que la technologie nous arrive et nous dirige. Nous devons nous servir de la technologie. De nos jours, les gens quittent la ville avec leurs enfants. Pourquoi devrait‐on encore vivre en ville quand le télétravail permet de rester aisément en contact avec son employeur ? Le télétravail nous permet de sortir de la ville. Pour nous détendre, nous avons recours aux applications et à la technologie. Où est la surprise, l’agitation de la ville, si on programme tout à l’avance via des applications ? La technologie change donc l’expérience de la ville. La résilience d’une ville et le changement climatique nécessitent également des choix technologiques. En effet, la technologie offre des possibilités d’aménagement flexible et modulaire de l’espace public, de la mobilité, etc. Je ne pense pas qu’il faille dépendre d’un smartphone pour interagir avec sa ville.’

Bart Ingelaere (Buildwise) : ‘Il ne faut pas devenir esclave de la technologie. Au contraire, la technologie doit se mettre à notre service. Nous avons les outils pour apprendre tant de choses. Buildwise pourrait recueillir des données permettant d’améliorer nos constructions futures, sans trop se focaliser sur la technologie.’

Wanda Debauche : ‘La technologie exclut certains groupes de population, comme les personnes âgées. Par ailleurs, un utilisateur peut devenir un fournisseur grâce à la technologie. C’est le cas de la mobilité partagée par exemple. Et enfin, les cahiers des charges sont un frein pour la véritable innovation de nos jours. Le prix régit encore tout dans les appels d’offres, mais l’Union européenne a lancé le Green Public Procurement, dans le cadre duquel le cahier des charges intègre des solutions durables et ouvre des perspectives pour l’innovation.’

Thomas Scorier (TS Construct) : ‘En fait, nous cherchons des solutions technologiques pour conformer les villes à leur apparence de demain selon nos sociologues, psychologues et philosophes. L’aspect humain reste cependant un élément important.’

Towards green blue cities

Bruno Gobin (Proefcentrum voor sierteelt) : ‘Le besoin de « verdissement » de notre environnement de vie et de travail densément bâti est plus criant que jamais. Le « verdissement » est applicable partout, même en ville. Les plantes améliorent la biodiversité, elles peuvent ralentir l’évacuation des eaux, refroidir, purifier les eaux grises ou créer des espaces de repos agréables. Il faut également oser intégrer les végétaux dans les façades et les toitures. Nous devons les inclure dans nos projets dès le début. Nous créons un environnement attrayant avec les installations communes et la mobilité nécessaires. La densification et le « verdissement » ne sont pas contradictoires. La végétalisation a un certain coût, mais elle apporte une plus‐value financière directe pour les propriétaires, un gain en termes de santé, une meilleure interaction sociale, moins d’absentéisme, moins de criminalité, etc. Intégrer des végétaux dans le projet, c’est multiplier les chances qu’ils soient effectivement présents dès la réception de l’ouvrage.’

Leo Van Broeck : ‘L’écologisation doit se faire par étapes. Tout d’abord, les vieux lotissements délabrés doivent faire place à des espaces ouverts. Ensuite, tous les revêtements et routes inutiles doivent être démolis. L’étape suivante consiste à réduire les revêtements urbains. On peut alors s’attaquer aux terrasses, aux façades et aux toitures des bâtiments. L’entretien des espaces végétalisés est 90 % moins cher que les pratiques antérieures.’